Bref échange sur la Londres du 19e siècle en BD avec Michel Giguère

En amont d’une discussion tenue dans l’édition du 6 octobre 2020 de La vie en BD et autant qu’en route vers l’édition du 11 novembre 2020 des Rendez-vous de la BD (à la Maison de la littérature), quelques petits extraits d’une discussion sur la Londres du 19e siècle et la bande dessinée avec le médiateur et spécialiste de BD Michel Giguère.

La Londres du 19e siècle est un terreau fertile pour plusieurs écrivaines et écrivains qui ont marqué durablement l’imaginaire collectif, tant en Occident qu’en Orient, avec des œuvres devenus des classiques – des classiques largement repris en bande dessinée!

« Jusqu’en Orient, c’est important de le spécifier. D’ailleurs, mon diaporama comptera plusieurs manga qui s’inspirent du Londres victorien, comme Black Butler, Le protectorat de l’ombrelle ou Mary Godwin, et d’autres qui transposent carrément ses classiques littéraires – de Jane Austen ou Charlotte Brontë. En même temps, c’est curieux de penser que la plupart des écrivains associés à cette époque-là se définissent en opposition aux valeurs victoriennes… On n’a qu’à penser à Dickens, Shaw, Oscar Wilde ou même les sœurs Brontë. Et Marx, qui a écrit Le Capital à Londres, berceau du capitalisme. Indubitablement, il s’agit d’une période et d’une ville exceptionnellement foisonnante sur le plan créatif, dont est issu Oliver Twist, David Copperfield, Peter Pan, Dorian Gray… Et parmi ses increvables classiques, il y en a quelques uns qui ont généré d’innombrables versions et déclinaisons et variations : Frankenstein, Dracula, L’étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde, Sherlock Holmes. À ses personnages de fiction très prodigues s’ajoute un personnage historique – mais anonyme, le plus célèbre tueur en série de l’histoire : Jack l’éventreur, qui continue de fasciner et d’inspirer les conteurs. Mais il n’y a pas que les adaptations d’œuvres littéraires, puisque je vais intégrer également plein de personnages et de récits originaux, inventés pour la BD. La présentation devrait se conclure par un segment steampunk bien garni également! »

Quand tu regarde la succession de planches que tu as sélectionnées, qu’est-ce qui en ressort, qu’est-ce qui est le plus frappant?

« La richesse. On parle d’une seule ville, pendant une poignée de décennies! L’imaginaire du 19e siècle est encore profondément et durablement marqué par l’esthétique de l’époque et par plusieurs de ces œuvres-là autant que leurs multiples déclinaisons, clones et rejetons divers. D’ailleurs, en BD, les créateurs se permettent beaucoup de liberté, ne se gênant pas, entre autre, pour faire se croiser dans le même récit Kipling et Stoker, Hyde et Frankenstein, Dracula et Holmes, Jack l’éventreur et Peter Pan! Parfois, c’est tiré par les cheveux, mais amusant. D’autres fois, comme lorsque Loisel propose un Peter Pan à la Oliver Twist, c’est on ne peut plus pertinent et fort! En même temps, plusieurs bédéistes, qu’on devine admiratifs de l’œuvre originale, y sont très fidèles – et c’est tout aussi intéressant! »

Est-ce qu’il y a des sujets dominants, des aspects récurrents?

« Paradoxalement, il y a autant de cohésion que de diversité! Cohésion dans le portrait d’époque, les décors, le mode de vie, les classes sociales, l’ambiance, les thèmes. Diversité dans les styles graphiques, le ton, à travers le sinistre brouillard il y a des bouffées d’air frais d’humour très british avec Green Manor et La fille du prof, ou quelques parodies comme Baker St ou Orgueil et préjugés et zombies. Le corpus comme la présentation vont intéresser les bédéphiles, mais aussi les littéraires, les amateurs de genres dits de l’imaginaire, mais aussi les gens qui s’intéressent à l’histoire. »

Pour plus d’informations sur l’activité du 11 novembre, offerte en ligne.
Illustration d’en-tête de Jean-Sébastien Bérubé / Éditions Futuropolis

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